à propos de moi

« L’oeil pense que la lumière est blanche, tandis qu’en réalité, elle est composée de differents couleurs- vert, jaune, orange… » Avec ce qu’il a accompli avec les effets d’illumination – entre autres – Jens réussi a fasciner ses auditeurs pour les plusieurs heures que nécessite une de ses photos, ce qu’il appelle « le don et la prise du temps. »

Sarah Thelen

 

Photographie murale

En Mars 2006, le photographe berlinois Jens Komossa a visité Forcalquier pour la première fois. Enchanté par l’ancienne capitale provençale, il a enregistré ses impressions au moyen d’une série de photographies, utilisant seulement la lumière disponible associée à des temps d’exposition pouvant aller jusqu’à six heures. Évitant les monuments les plus reconnaissables, il s’est concentré plutôt sur les détails qu’il considérait comme représentatifs du genius loci de la ville. Parallèlement, il commençait à produire des études d’intérieurs inspirées par l’architecture d’une maison dans la rue des Cordeliers. Au cours des visites suivantes, ces intérieurs sont devenus une série remarquable intitulée Photographie murale.

La série qui en résulte n’a rien du style poli et documentaire que l’on associe avec les magazines d’aménagement intérieur. Aucun meuble ni ornementation n’est visible, et, à quelques exceptions près, le sujet des photos n’est ni identifiable ni explicite; en effet, la plupart de ces compositions peuvent être tournées à 90 degrés sans perte de « lisibilité. » On ne reconnaît guère plus qu’un coin, une poutrelle, de la peinture qui s’écaille, ou la silhouette luisante d’une fenêtre. Les temps d’exposition longs révèlent des textures et des tonalités qui ressemblent souvent à la soie ancienne. Le cliché familier selon lequel le photographe « peint » avec la lumière se trouve ici réitéré.

Komossa a pris ses premières photos nocturnes pendant ses études à la presitigieuse École Folkwang de Essen dans les années 90. Voyagent en France, il a été fasciné par les lueurs oranges et jaunes des néons et des lampadaires dans les villes et les villages dormants, des lueurs qui ne pouvaient être enregistrées avec justesse qu’avec des temps d’exposition longs. De la même manière, il a documenté le charme indigent des chambres d’hôtels à petit budget. Peu après, il a continué avec des photos des rues de Berlin, ainsi que des appartements noircis de ses amis.

Chambres Berlinoises, la série avec laquelle Jens Komossa est devenu célèbre, est une série de vues banales de la nuit berlinoise à travers des fenêtres. Bientôt suivait Chambres de Télévisions de Paris, New York, et Berlin, dans laquelle la seule source de lumière est une télévision située hors cadre. Rien ici n’est embelli : les draps froissés, les vêtements et les journaux traînants, et les bouteilles vides restent là où les résidents les ont posées. Les images sont à la fois intimes et étranges, offrant une réalité quotidienne familière teintée toutefois d’inconnu. Dehors aussi, les scènes urbaines quotidiennes prennent un air curieusement surréaliste, rappelant les images d’un film de David Lynch.

Ses œuvres les plus récentes sont de plus en plus abstraites – une tendance qui s’exprime fort élégamment dans cette nouvelle série au style réductionniste: Photographie Murale. Ce sont des études tranquilles et intimes rayonnant d’une luminosité intérieure. « Quand on ne fait qu’une photo en une nuit, » maintient Komossa, « une concentration particulière devient possible, comme au tir-à-l’arc. » Le spectateur est lui aussi invité à participer à ce riche moment.

David Galloway / Art News